réflexions...
Voici le commentaire avisé sur l'excellent blog de jean-louis Caccomo, Docteur en sciences économiques de l'université d'Aix-Marseille II. Maître de conférences à l'université de Perpignan. Expert international impliqué dans de nombreux programmes de coopération (Maroc, Algérie, Ukraine, Thaïlande, Mexique, Syrie, Comores, Chine, Canada, USA).
Evidemment, ce que retiendra la presse, dans une admiration non retenue, c’est le fameux « coup de colère » de Ségolène Royal qui nous a joué, à mon sens, le rôle classique de l’indignation facile dont la gauche pense toujours avoir le monopole. Pour les médias, ce sera un grand moment du débat ! Pour l'observateur que je suis, c'était bien pitoyable.
Mais ces techniques marchent, puisque cela intimide la droite, et cela a en effet intimidé un Nicolas Sarkozy qui a perdu à cette occasion sa grandeur alors qu’il se faisait proprement insulter. Si madame Royal se permet de parler du « summum de l’immoralité », on a atteint là le « summum de la politique spectacle ». J’avais l’impression de voir vidéo gag !
A défaut d’avoir quelque chose à dire de sérieux, Ségolène Royal agite les peurs et les grands sentiments dans un style incantatoire parfaitement assommant. Mais, les médias ont tellement contribué à nous dépeindre un Sarkozy autoritaire et effrayant que Nicolas Sarkozy restait sur sa défensive, comme s’il avait peur de son propre personnage.
D’une certaine manière, avait-il réellement le choix ? Pensez donc à la réaction médiatique si la scène avait été inversée, si Nicolas Sarkozy s’en prenait à la mauvaise foi flagrante de Madame Royal. On aurait commenté sur son intolérance, disserté à propos de son agressivité, et pourquoi pas, son machisme latent ?
Mais, venant de Madame Royal, cet accès d’agressivité est alors interprété comme une qualité estimable, comme la marque d’une force respectable, le retour de la « force tranquille ». Toujours deux poids, deux mesures...
Une force qui risque cependant de tourner rapidement à la farce. Car, qu’a-t-on entendu sur le fond, si ce n’est cette incantation « au retour de la croissance » pour résoudre tous nos problèmes. Cela fait trente ans que l'on nous parle du retour de la croissance. En effet, la croissance mondiale est revenue et n'a jamais été aussi forte que depuis ces 20 dernières années. Mais, comme le nuage de Tchernobyl, elle a évité l'hexagone !
Déjà, en 1981, François Mitterrand nous expliquait qu'il allait financer son programme de relance de la demande par la croissance retrouvée. Depuis, on a inventé CSG, RDS, RMI, nouveaux impôts, créations de fonctionnaires, nationalisations, 35 heures, taxes nouvelles...
Et c’est justement parce que les recettes proposées par les socialistes pour générer la croissance sont proprement dépassées, que la relance de la croissance a aboutit à la dette actuelle de la France, la fuite des entrepreneurs et des capitaux et une croissance durablement molle, une incapacité structurelle à innover, des PME qui s’évertuent à rester petites, condamnant par la même occasion plusieurs générations à un chômage structurel sans équivalent dans le monde.
Et on nous propose de continuer dans cette voie dont tout le monde sait qu’elle conduit à l’impasse ?
A ceux qui nous ont dit que Sarkozy était un homme dangereux, je dois vous dire que c’est madame Royal qui m’a effrayé hier. Elle joue du registre émotionnel à des fins de manipulations à défaut d’avoir des connaissances précises sur des sujets fondamentaux. Madame Royal n’a que faire de la courtoise et d’une quelconque marque de respect pour son contradicteur, et encore moins pour les animateurs du débat qu’elle n’hésitait pas à renvoyer dans les brancards.
Elle ne parle pas, elle récite, employant plus d’une centaine de fois « je veux », « je pense », comme un étudiant qui passe un examen. Elle m’a fait l’effet d’une machine de guerre au service de la cause du socialisme, non pas d’un socialisme moderne comme se plaisent à le penser les commentateurs acquis à sa cause, mais d’un socialisme revanchard et totalement dépassé dans lequel l'Etat se mêle de tout au nom d'un égalitarisme compassionnel qui conduit à l'assistanat et à la démultiplication de toutes les dérives (qui seront ensuite inputées au libéralisme).
Les commentateurs n’hésitent d’ailleurs pas à dire qu’il y avait hier deux projets qui s’affrontaient : Sarkozy incarnant le libéralisme et Royal représentant le socialisme. Mais les commentateurs trahissent cependant leur manque de connaissance de fond.
Les candidats ont décliné un refrain bien français, fidèle à l'exception française de moins en moins tenable, comme si demain, celui ou celle qui sera investi de la fonction suprême, avait le pouvoir de modifier les règles du fonctionnement de l'économie qui sont désormais planétaires.
Posté par déglingo le 3 mai 2007, extrait de http://caccomo.blogspot.com/.