Les amis de Ségolène Royal ne font plus recette en Europe du Nord

C'est devenu, pour elle, un parangon de modernité, une référence incontournable. Ségolène Royal ne manque jamais une occasion de donner en exemple les Etats scandinaves et leur fameux modèle social. « Les pays du Nord l'ont fait, pourquoi pas nous ? » a-t-elle coutume de rétorquer à ses contradicteurs, dès que le débat glisse sur le terrain économique. Avec un certain succès, tant la Suède ou le Danemark passent dans l'imaginaire collectif pour de véritables paradis des travailleurs.

A moins d'un mois du premier tour de l'élection présidentielle, la candidate socialiste serait pourtant bien avisée de revoir ses classiques. Les sociaux-démocrates nordiques dont elle se réclame souvent viennent, en effet, de subir deux revers électoraux retentissants. Le premier en Suède, en septembre dernier, où ils ont été renvoyés sèchement dans l'opposition, après avoir occupé le pouvoir quasiment sans discontinuer pendant soixante-quinze ans. Le second en Finlande, voilà dix jours, où ils sont arrivés derrière les centristes et les conservateurs, les deux autres grandes forces politiques du pays, lors du scrutin législatif. Une mésaventure qu'ils n'avaient pas connue depuis 1962 et qui devrait normalement les écarter de la future coalition gouvernementale. La gauche ne dirige plus désormais qu'un seul pays en Europe du Nord : la Norvège, une très prospère monarchie pétrolière.(..).Les dérives de certains programmes sociaux trop généreux, la persistance d'un important chômage déguisé, la défense de monopoles publics parfois obsolètes ou le maintien des prélèvements obligatoires à un niveau record ont fini par irriter. L'assistanat n'a pas la cote dans les pays d'Europe du Nord, où la morale et l'égalitarisme demeurent des valeurs centrales. Et le conservatisme, aussi tempéré soit-il, n'y est plus trop de saison, alors que l'ensemble du tissu économique se transforme de manière accélérée pour répondre aux défis de la mondialisation.

Posté par déglingo le 27 mars 2007, extrait des echos.